A force de voir toujours les mêmes erreurs sur les réseaux sociaux, j'ai décidé d'en faire une compilation en espérant qu'au moins les lecteurs de ce billet arrêterons de les commettre et qu'on pourra avancer dans le vrai débat écologique. Que vous soyez climato-sceptique ou écolo convaincu ce billet vous concerne !
Donc voici les 12 erreurs les plus énormes que je vois régulièrement
Ça n'est pas faux, mais c'est oublier les importations qui sont produites dans des pays moins vertueux. Les importations représentent 60% de notre empreinte carbone. Nous sommes vertueux, car nous avons délocalisé notre industrie et les pollutions associées et que nous utilisons beaucoup de nucléaire. Notre empreinte carbone est en croissance, désolé de vous l'apprendre si vous le découvrez.
L'empreinte carbone moyenne d'un Français est autour de 10,8 tonnes de carbone par an. Pour tenir les objectifs de défense du climat, il faudrait diviser par 4 nôtre empreinte carbone. 2 tonnes de CO2 c'est par exemple un A/R Paris New York pour 1 personne. L'objectif est donc très ambitieux, si on entend être sérieux sur le climat.
Mais, en réalité, c'est un oxymore.
Toute activité pollue, c'est de la physique, et c'est lié au second principe de la thermodynamique. Aucun programme politique ne peut y changer quoique ce soit.
L'énergie propre ça n'existe pas tout simplement.
Pour produire de la croissance, il faut transformer le monde et dépenser de l'énergie.
Il faut extraire, produire, ramasser, moissonner, distiller, transformer, déplacer, chauffer, brûler, imprimer, recycler toutes sortes de matériaux pour fournir des biens à consommer.
D'où la corrélation PIB / Énergie. Sans énergie pas de PIB, sans croissance de la consommation d'énergie pas de croissance du PIB.
Sachant que 80% de l'énergie utilisée dans le monde est d'origine fossile, remplacer ces 80% par des énergies non-fossiles est une gageure impossible même à niveau de vie constant, sans même parler de croissance. Et même si cela venait à devenir possible par un miracle encore inconnu, il y aura des pollutions associées.
Quand nous basculons au nucléaire, nous transformons une pollution au CO2 dilué dans l'atmosphère en une pollution concentré dans des matériaux radioactifs et de l'émission de vapeur d'eau qui est le gaz à effet de serre le plus puissant.
La seule chose qui a un sens physique et économique, c'est la décroissance verte.
C'est par ailleurs, la doxa des institutions européennes qui rasent gratis.
Donc tous les raisonnements qui s'appuient sur un événement climatique, aussi grave que par exemple les incendies en Australie sont faux. Ils sont juste des confirmations de nos biais cognitifs.
Je ne cautionne pas Laurent Alexandre, mais le tweet ci-dessous est scientifiquement exact.
Un autre exemple, pendant 15 ans, en gros de 1998 à 2013 le réchauffement climatique a ralenti. Certains climato-sceptiques en ont fait leurs choux gras, en parlant de hiatus, et en annonçant le retournement des courbes. Perdu ! Depuis le réchauffement est reparti à la hausse de plus belle.
Toutes les attributions au dérèglement climatique ou à son inverse sur la base d'un seul évènement, sont issues d'un raisonnement qui est faux, même s'il est très vraisemblable que le réchauffement climatique en soit une des causes.
Le point faible le plus important de l'éolien, c'est l'intermittence de la production liée au fait que l'électricité ne se stocke pas physiquement. Il faut donc toujours passer par des convertisseurs pour stocker et restituer l'énergie électrique sur-produite. Aucun dispositif connu à ce jour, n'a le potentiel suffisant pour résoudre le problème dans les ordres de grandeur requis.
Par exemple, les Danois revendent à prix négatif aux Suédois et aux Norvégiens l'électricité surproduite pour remonter l'eau dans les barrages, puis rachètent aux mêmes l'électricité quand il n'y a plus de vent.
Pour une étude complète sur toutes les techniques de stockage et leurs limites se reporter ici.
La deuxième faiblesse, c'est la faible densité énergétique. Il faut d'énormes surfaces installées pour produire la même quantité d'énergie. On le voit bien dans nos paysages déjà bien défigurés par les champs d'éoliennes.
Pour une étude très détaillée du sujet voir ici.
Dernière faiblesse, l'éolien est très gourmand en ressources métalliques. Il faut, en effet, tout prévoir pour le maximum de production, alors que la production est très intermittente. Egalement, la durée de vie n'est que de 20 ans, contre 60 ans pour une centrale nucléaire. Donc il faut beaucoup d'énergie pour produire des éoliennes et leur système associé.
L'éolien en réalité, c'est un revamping des moulins à vent, ça n'est pas une progression, mais bien une régression. Il y a un chiffre qui l'explique très bien, c'est le Taux de Rendement Énergétique. C'est le rapport entre la quantité d'énergie fournit par un système et la quantité d'énergie nécessaire pour le construite et le faire fonctionner. C'est une technologie nouvelle, dont le TRE est l'un des plus bas, surtout si on y rajoute la fonction de stock.
Intermittence, absence stockage, faiblesse des rendements, densité énergétique, compétition pour l'espace.
Le CEA a récemment annoncé une multiplication par 5 des rendements énergétiques de ces cellules. Une excellente nouvelle pour l'industrie européenne. Peut-être qu'il va enfin devenir intéressant d'installer des panneaux sur nos toits. Mais le problème de notre société ne sera pas pour autant résolu, les surfaces à installer sont trop importantes et vont rentrer en compétition avec les surfaces pour les éoliennes, pour l'agriculture, pour les forêts.
La société Carbone 4, a fait une étude sur l'impact de nos gestes individuels sur la décarbonation. Nos actions individuelles ne peuvent amener qu'un 1/4 de la réduction nécessaire.
Encore une fois, il faut avoir les bons ordres de grandeur en tête, avant de préconiser les solutions à appliquer.
Mais il n'en est rien.
Malgré tous nos efforts, le TRE est en forte dégradation depuis 50 ans. Le TRE d'un puits de pétrole en Arabie Saoudite est de 100 environ. Le TRE du solaire photo-voltaïque est de 4 à ce jour.
Le surplus d'énergie nous coûte de plus en plus, en investissement énergétique et en capitaux. Le pétrole de schiste est bien pire que le pétrole conventionnel, le nucléaire aussi est moins bon avec 75 de TRE. Les investissements nécessaires pour extraire la même quantité de pétrole ont triplés depuis le début des années 2000. Il en est de même dans le nucléaire de 3ème génération (les EPR) où les investissements sont bien plus haut du fait des exigences de sécurité. Et ça n'est pas pour rien que le prix de l'électricité a augmenté de 50% depuis 10 ans, sans que pour autant les bénéfices de la filière augmente. Il faut financer la création de filière énergétique de moins en moins efficace.
Nous sommes entrés dans un monde aux rendements énergétiques décroissants, mais pour l'instant peu de gens font le lien de cause à effet entre l'absence de croissance économiques et ces rendements décroissants.
Autrefois, je pensais que la fusion nucléaire, était la solution ultime. Pour l'instant, il faut reconnaître que c'est une chimère très coûteuse en investissement, et sans garantie quant à la viabilité. A bien y réfléchir, c'est assez normal. La fusion créée une explosion gigantesque d'énergie qu'on cherche à confiner dans un petit volume, forcément çà coûte beaucoup en énergie. Donc le TRE est très incertain.
Donc la solution voiture électrique n'est pas toujours pertinente. En France, dans certaines limites, c'est entendable, en Allemagne c'est discutable et discutée, en Pologne ou en Chine ça ne procurera pas d'économie dans les émissions de CO2, en fait ça empirera la situation.
En France, la voiture électrique aurait une pertinence en ville, dans les trajets du quotidien de courtes distances. Elle permettrait de réduire les émissions de particules fines en ville et limiterait la contribution aux émissions du secteur des transports.
La voiture électrique pose par ailleurs, d'autres problèmes sur la dépendance aux métaux des batteries et à leur recyclage. Mais c'est un débat plus poussé que je ne vais pas aborder dans ce billet.
9. Croire que le nucléaire est suffisant, ou qu'on peut s'en passer
Domaine habituel de l'écologie classique, la transition écologique se pense souvent anti-nucléaire.
Mais le nucléaire est une énergie très décarbonée, même quand on fait une analyse complète de la mine au démantèlement.
Par contre, les réserves actuelles sur la base de la troisième génération ne dépassent pas 100 ans. Donc si on augmente encore le parc de réacteur, il n'y aura plus assez d'uranium rapidement.
Il faudrait, dans cette hypothèse, développer au moins la 4ème génération (les sur-générateurs) qui en gros permettrait de multiplier par 5 l'énergie restituée selon leur promoteur.
S'en passer complètement est une gageure également, surtout pour la France, car cela reste l'énergie décarbonée avec le meilleur TRE.
Jusqu'à preuve du contraire, les êtres humains ne consomment ni charbon, ni pétrole, ni gaz, ni électricité... Ce sont les machines qui consomment toutes ces matières et rejettent du CO2 dans l'atmosphère. Donc ce qui pollue notre atmosphère, ce sont nos machines en premier lieu. Et d'ailleurs, ce sont ces mêmes machines qui ont permis les gains de productivité formidable depuis 200 ans et la distribution de rente à toute la population, modulo la justice de la répartition. Ça n'est pas pour rien que les familles Rockefeller ont été aussi riches, elles ont su contrôler la distribution puis l'exploration du sang des machines à combustion : moteur, chaudière. Même chose pour la famille Schlumberger qui a su développer des techniques de prospection pétrolière.
Il suffirait donc de se passer de ces machines pour ne plus émettre de CO2... Sauf quelles sont partout. Moins de machines, moins de productivité, moins de biens produis, baisse du PIB, baisse du niveau de vie. Mais hausse potentiel de l'emploi, car on oublie que les machines se substituent aux hommes dans de nombreuses tâches.
La question qui se pose, c'est si on peut maintenir la population au même niveau alors que la productivité générale de l'économie est en baisse tendancielle choisie ou forcée. Tout dépendra du niveau de vie qu'on accepte et de la justice économique qu'on voudra ou pas réaliser.
Même des services comme BlaBlaCar y sont sujet. Car en effet, étant moins cher souvent, ils permettent à certains de se déplacer alors qu'ils ne l'auraient pas fait ou bien se substituer à un transport en train nettement moins émetteur de CO2.
Par ailleurs, si le service vous permet de réelles économies de budget, vous allez dépenser ce budget dans autre chose, comme un voyage de vacances en avion, qui lui potentiellement sera émetteur de CO2.
En fait, il est très difficile d'échapper à la malédiction de l'émission de CO2. La seule façon sûre, c'est de consommer moins. Et encore, car si vous épargnez cet argent, il servira à des banquiers qui vont prêter eux à des entreprise qui émettent du CO2.
C'est ce qu'on appelle un problème systémique, il faut donc penser aux systèmes globaux d'abord et avant tout.
12. S'arrêter à la figure de Greta Thunberg
Avec ses tresses et son syndrome d'Asperger, elle hérisse le poil de certains. Mais il faut arrêter de confondre le message et le messager. Au-delà du messager, c'est le contenu qui est important.
Notre société fait face à une situation inédite : la fin prévisible de l'abondance énergétique pétrolière et au même moment, une contrainte climatique.
Ce problème mérite plus que des incantations et des COP25 sans aucun effet. Voilà ce que nous répète Greta Thunberg à longueur d'interview et de tribunes.
Pour 2020, je formule le souhait de ne plus croiser ce genre d'erreur dans mes TL, sur Facebook ou sur LinkedIn. Comme ça on pourra avancer sur les choix à faire pour limiter les impacts de ce qui va advenir.
Donc voici les 12 erreurs les plus énormes que je vois régulièrement
1. Confondre émission nationale et empreinte carbone
La France est l'un des pays d'Europe le plus vertueux en émissions de carbone par habitant. Donc pourquoi faire des efforts, c'est aux autres pays de faire l'effort.Ça n'est pas faux, mais c'est oublier les importations qui sont produites dans des pays moins vertueux. Les importations représentent 60% de notre empreinte carbone. Nous sommes vertueux, car nous avons délocalisé notre industrie et les pollutions associées et que nous utilisons beaucoup de nucléaire. Notre empreinte carbone est en croissance, désolé de vous l'apprendre si vous le découvrez.
L'empreinte carbone moyenne d'un Français est autour de 10,8 tonnes de carbone par an. Pour tenir les objectifs de défense du climat, il faudrait diviser par 4 nôtre empreinte carbone. 2 tonnes de CO2 c'est par exemple un A/R Paris New York pour 1 personne. L'objectif est donc très ambitieux, si on entend être sérieux sur le climat.
2. Croire au concept de croissance verte
Le concept est séduisant, car il promet la croissance et le respect de l'environnement. Je vous laisse voir dans l'offre politique ceux qui promettent la lune. Ils sont très nombreux. Croissance évoque consommation pour tous, emploi pour tous, et vert évoque un respect de l'environnement.Mais, en réalité, c'est un oxymore.
Toute activité pollue, c'est de la physique, et c'est lié au second principe de la thermodynamique. Aucun programme politique ne peut y changer quoique ce soit.
L'énergie propre ça n'existe pas tout simplement.
Pour produire de la croissance, il faut transformer le monde et dépenser de l'énergie.
Il faut extraire, produire, ramasser, moissonner, distiller, transformer, déplacer, chauffer, brûler, imprimer, recycler toutes sortes de matériaux pour fournir des biens à consommer.
D'où la corrélation PIB / Énergie. Sans énergie pas de PIB, sans croissance de la consommation d'énergie pas de croissance du PIB.
Sachant que 80% de l'énergie utilisée dans le monde est d'origine fossile, remplacer ces 80% par des énergies non-fossiles est une gageure impossible même à niveau de vie constant, sans même parler de croissance. Et même si cela venait à devenir possible par un miracle encore inconnu, il y aura des pollutions associées.
Quand nous basculons au nucléaire, nous transformons une pollution au CO2 dilué dans l'atmosphère en une pollution concentré dans des matériaux radioactifs et de l'émission de vapeur d'eau qui est le gaz à effet de serre le plus puissant.
La seule chose qui a un sens physique et économique, c'est la décroissance verte.
C'est par ailleurs, la doxa des institutions européennes qui rasent gratis.
3. Se tromper d'échelle de temps
Si nous arrêtons nos émissions demain, du fait de l'inertie climatique, l'effet commencera a être visible dans 20 ans, et encore, car il faut 10000 ans pour éliminer le surplus CO2 de l'atmosphère.Donc tous les raisonnements qui s'appuient sur un événement climatique, aussi grave que par exemple les incendies en Australie sont faux. Ils sont juste des confirmations de nos biais cognitifs.
Je ne cautionne pas Laurent Alexandre, mais le tweet ci-dessous est scientifiquement exact.
Il faut des séries longues, regarder la moyenne et les écarts à la moyenne.Arrêtez de délirer ! Les feux en Australie concernent une surface égale à ma minuscule Belgique. L’Australie fait 7.692.060 km carrés.— Laurent Alexandre (@dr_l_alexandre) January 1, 2020
LE PLUS GRAVE INCENDIE A EU LIEU EN 1851 AVANT LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE!
Pour l’Amazonie en moyenne les incendies baissent depuis l’an 2000 https://t.co/qAK3K11SdY
Un autre exemple, pendant 15 ans, en gros de 1998 à 2013 le réchauffement climatique a ralenti. Certains climato-sceptiques en ont fait leurs choux gras, en parlant de hiatus, et en annonçant le retournement des courbes. Perdu ! Depuis le réchauffement est reparti à la hausse de plus belle.
Toutes les attributions au dérèglement climatique ou à son inverse sur la base d'un seul évènement, sont issues d'un raisonnement qui est faux, même s'il est très vraisemblable que le réchauffement climatique en soit une des causes.
4. Croire que l'éolien résoudra le problème
Les programmes écologiques Allemands ou Danois à base d'investissement massif dans l'éolien, nous sont présentés comme l'objectif du futur et la solution à nos problèmes. Mais c'est une illusion. L'électricité allemande est 5 fois plus carbonée que l'électricité française, malgré 300 milliards d'euros investis dans l'éolien. Les écolos allemands sont d'abord des anti-nucléaires, pas des antis carbones.Le point faible le plus important de l'éolien, c'est l'intermittence de la production liée au fait que l'électricité ne se stocke pas physiquement. Il faut donc toujours passer par des convertisseurs pour stocker et restituer l'énergie électrique sur-produite. Aucun dispositif connu à ce jour, n'a le potentiel suffisant pour résoudre le problème dans les ordres de grandeur requis.
Par exemple, les Danois revendent à prix négatif aux Suédois et aux Norvégiens l'électricité surproduite pour remonter l'eau dans les barrages, puis rachètent aux mêmes l'électricité quand il n'y a plus de vent.
Pour une étude complète sur toutes les techniques de stockage et leurs limites se reporter ici.
La deuxième faiblesse, c'est la faible densité énergétique. Il faut d'énormes surfaces installées pour produire la même quantité d'énergie. On le voit bien dans nos paysages déjà bien défigurés par les champs d'éoliennes.
Pour une étude très détaillée du sujet voir ici.
Dernière faiblesse, l'éolien est très gourmand en ressources métalliques. Il faut, en effet, tout prévoir pour le maximum de production, alors que la production est très intermittente. Egalement, la durée de vie n'est que de 20 ans, contre 60 ans pour une centrale nucléaire. Donc il faut beaucoup d'énergie pour produire des éoliennes et leur système associé.
L'éolien en réalité, c'est un revamping des moulins à vent, ça n'est pas une progression, mais bien une régression. Il y a un chiffre qui l'explique très bien, c'est le Taux de Rendement Énergétique. C'est le rapport entre la quantité d'énergie fournit par un système et la quantité d'énergie nécessaire pour le construite et le faire fonctionner. C'est une technologie nouvelle, dont le TRE est l'un des plus bas, surtout si on y rajoute la fonction de stock.
5. Croire que le solaire photo-voltaïque résoudra le problème
Le solaire photo-voltaïque souffre des mêmes problèmes que l'éolien :Intermittence, absence stockage, faiblesse des rendements, densité énergétique, compétition pour l'espace.
Le CEA a récemment annoncé une multiplication par 5 des rendements énergétiques de ces cellules. Une excellente nouvelle pour l'industrie européenne. Peut-être qu'il va enfin devenir intéressant d'installer des panneaux sur nos toits. Mais le problème de notre société ne sera pas pour autant résolu, les surfaces à installer sont trop importantes et vont rentrer en compétition avec les surfaces pour les éoliennes, pour l'agriculture, pour les forêts.
6. Croire que les efforts individuels suffiront
Le mouvement Colibri a popularisé cette idée, de la petite contribution du colibri pour éteindre l'incendie. Et c'est bien ! Mais ça ne sera jamais suffisant.La société Carbone 4, a fait une étude sur l'impact de nos gestes individuels sur la décarbonation. Nos actions individuelles ne peuvent amener qu'un 1/4 de la réduction nécessaire.
Encore une fois, il faut avoir les bons ordres de grandeur en tête, avant de préconiser les solutions à appliquer.
7. Croire que la science va trouver une solution - rapidement
C'est un acte de foi auquel j'adhérais volontiers il y a 15 ans. Depuis 200 ans, la science et la technologie ont tellement réalisé de merveilles, qu'on se dit que forcément ça va continuer comme ça. Nous avons un biais cognitif et nous prolongeons les tendances du passé dans l'avenir.Mais il n'en est rien.
Malgré tous nos efforts, le TRE est en forte dégradation depuis 50 ans. Le TRE d'un puits de pétrole en Arabie Saoudite est de 100 environ. Le TRE du solaire photo-voltaïque est de 4 à ce jour.
Le surplus d'énergie nous coûte de plus en plus, en investissement énergétique et en capitaux. Le pétrole de schiste est bien pire que le pétrole conventionnel, le nucléaire aussi est moins bon avec 75 de TRE. Les investissements nécessaires pour extraire la même quantité de pétrole ont triplés depuis le début des années 2000. Il en est de même dans le nucléaire de 3ème génération (les EPR) où les investissements sont bien plus haut du fait des exigences de sécurité. Et ça n'est pas pour rien que le prix de l'électricité a augmenté de 50% depuis 10 ans, sans que pour autant les bénéfices de la filière augmente. Il faut financer la création de filière énergétique de moins en moins efficace.
Nous sommes entrés dans un monde aux rendements énergétiques décroissants, mais pour l'instant peu de gens font le lien de cause à effet entre l'absence de croissance économiques et ces rendements décroissants.
Autrefois, je pensais que la fusion nucléaire, était la solution ultime. Pour l'instant, il faut reconnaître que c'est une chimère très coûteuse en investissement, et sans garantie quant à la viabilité. A bien y réfléchir, c'est assez normal. La fusion créée une explosion gigantesque d'énergie qu'on cherche à confiner dans un petit volume, forcément çà coûte beaucoup en énergie. Donc le TRE est très incertain.
7. Croire que la voiture électrique sera la solution
Le moteur de la voiture électrique, émet peu de CO2, mais par principe consomme de l'électricité. Donc tout dépend de comment est produite l'électricité et de son taux de carbone. Or, dans le monde, l'électricité est majoritairement produite au charbon. Voir aussi mon billet : Internet fonctionne au charbon. Exemple : L'électricité allemande émet 5 fois plus de CO2 que l'électricité française, mais 2 fois moins que l'électricité Polonaise.Donc la solution voiture électrique n'est pas toujours pertinente. En France, dans certaines limites, c'est entendable, en Allemagne c'est discutable et discutée, en Pologne ou en Chine ça ne procurera pas d'économie dans les émissions de CO2, en fait ça empirera la situation.
En France, la voiture électrique aurait une pertinence en ville, dans les trajets du quotidien de courtes distances. Elle permettrait de réduire les émissions de particules fines en ville et limiterait la contribution aux émissions du secteur des transports.
La voiture électrique pose par ailleurs, d'autres problèmes sur la dépendance aux métaux des batteries et à leur recyclage. Mais c'est un débat plus poussé que je ne vais pas aborder dans ce billet.
9. Croire que le nucléaire est suffisant, ou qu'on peut s'en passer
Domaine habituel de l'écologie classique, la transition écologique se pense souvent anti-nucléaire.
Mais le nucléaire est une énergie très décarbonée, même quand on fait une analyse complète de la mine au démantèlement.
Par contre, les réserves actuelles sur la base de la troisième génération ne dépassent pas 100 ans. Donc si on augmente encore le parc de réacteur, il n'y aura plus assez d'uranium rapidement.
Il faudrait, dans cette hypothèse, développer au moins la 4ème génération (les sur-générateurs) qui en gros permettrait de multiplier par 5 l'énergie restituée selon leur promoteur.
S'en passer complètement est une gageure également, surtout pour la France, car cela reste l'énergie décarbonée avec le meilleur TRE.
10. Croire que ce sont les êtres humains qui polluent
On voit régulièrement des unes de journaux avec des discours anti bombe H, proposant de diminuer la population, ou bien des écolos proposer de limiter le nombre d'enfants.Jusqu'à preuve du contraire, les êtres humains ne consomment ni charbon, ni pétrole, ni gaz, ni électricité... Ce sont les machines qui consomment toutes ces matières et rejettent du CO2 dans l'atmosphère. Donc ce qui pollue notre atmosphère, ce sont nos machines en premier lieu. Et d'ailleurs, ce sont ces mêmes machines qui ont permis les gains de productivité formidable depuis 200 ans et la distribution de rente à toute la population, modulo la justice de la répartition. Ça n'est pas pour rien que les familles Rockefeller ont été aussi riches, elles ont su contrôler la distribution puis l'exploration du sang des machines à combustion : moteur, chaudière. Même chose pour la famille Schlumberger qui a su développer des techniques de prospection pétrolière.
Il suffirait donc de se passer de ces machines pour ne plus émettre de CO2... Sauf quelles sont partout. Moins de machines, moins de productivité, moins de biens produis, baisse du PIB, baisse du niveau de vie. Mais hausse potentiel de l'emploi, car on oublie que les machines se substituent aux hommes dans de nombreuses tâches.
La question qui se pose, c'est si on peut maintenir la population au même niveau alors que la productivité générale de l'économie est en baisse tendancielle choisie ou forcée. Tout dépendra du niveau de vie qu'on accepte et de la justice économique qu'on voudra ou pas réaliser.
11. Oublier l'effet rebond
Très souvent, on pense qu'en faisant des produits plus sobres en énergie, on va diminuer la consommation. En réalité, on constate une augmentation des usages. Par exemple : la consommation des moteurs de voitures a beaucoup baissée depuis 50 ans, mais ce gain a été utilisé pour augmenter le poids des voitures avec plus d'équipements et plus de sécurité. La consommation des véhicules ne baissent plus.Même des services comme BlaBlaCar y sont sujet. Car en effet, étant moins cher souvent, ils permettent à certains de se déplacer alors qu'ils ne l'auraient pas fait ou bien se substituer à un transport en train nettement moins émetteur de CO2.
Par ailleurs, si le service vous permet de réelles économies de budget, vous allez dépenser ce budget dans autre chose, comme un voyage de vacances en avion, qui lui potentiellement sera émetteur de CO2.
En fait, il est très difficile d'échapper à la malédiction de l'émission de CO2. La seule façon sûre, c'est de consommer moins. Et encore, car si vous épargnez cet argent, il servira à des banquiers qui vont prêter eux à des entreprise qui émettent du CO2.
C'est ce qu'on appelle un problème systémique, il faut donc penser aux systèmes globaux d'abord et avant tout.
12. S'arrêter à la figure de Greta Thunberg
Avec ses tresses et son syndrome d'Asperger, elle hérisse le poil de certains. Mais il faut arrêter de confondre le message et le messager. Au-delà du messager, c'est le contenu qui est important.
Notre société fait face à une situation inédite : la fin prévisible de l'abondance énergétique pétrolière et au même moment, une contrainte climatique.
Ce problème mérite plus que des incantations et des COP25 sans aucun effet. Voilà ce que nous répète Greta Thunberg à longueur d'interview et de tribunes.
Pour 2020, je formule le souhait de ne plus croiser ce genre d'erreur dans mes TL, sur Facebook ou sur LinkedIn. Comme ça on pourra avancer sur les choix à faire pour limiter les impacts de ce qui va advenir.
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